Titre français: Benni
Réalisatrice: Nora Fingscheidt
Année :2019
Avec : Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide, Lisa Heigmeister
LE FILM
Que faire d’une enfant inadaptée aux normes du système éducatif ? Tel est l’enjeu proposé à travers ce film. Benni, neuf ans, négligée par sa mère, enchaîne les foyers pour enfants turbulents jusqu’à épuisement. En effet, la jeune fille est en proie à de violentes crises d’agressivités qui la rendent dangereuse aussi bien pour les autres que pour elle. Pourtant, Benni souhaite simplement être protégée et retrouver l’amour maternelle qui lui manque. Heureusement, elle n’est pas seule. Une assistante sociale et un éducateur vont tout faire pour l’aider à guérir ses blessures afin qu’elle puisse trouver une place dans le monde.
Cela faisait plusieurs mois que j’entendais parler de ce film jusqu’à sa consécration au Deutscher Filmpreis. Aux premiers abords, l’histoire ne me semblait pas particulièrement attirante. Ce sont finalement les extraits passés pendant la cérémonie des Lola et, je l’avoue, le fait qu’il ait reçu de nombreux prix dont celui du meilleur film qui ont su me convaincre. Finalement le film m’a séduite ! Il mérite amplement ses récompenses, notamment la jeune actrice, Helena Zengel (Beste weibliche Hauptrolle). Non sans rappeler le personnage de Steve dans Mommy de Xavier Dolan, Helena Zengel livre une fantastique performance avec son personnage branché sur mille voltes tout en faisant preuve d’une grande tendresse et sensibilité.
Une œuvre intense loin d’être de tout repos, emprunte d’une forte empathie kinesthésique. Le film n’est pas seulement visuel, mais il a également quelque chose de physique. A aucun moment se dessine une réponse simple, tout est constamment remis en question. Ainsi, la réalisatrice met en scène une réalité dure où les petites lueurs d’espoir sont rapidement mises à mal et place le spectateur en position d’impuissance comme peuvent le ressentir l’assistante sociale ou l’éducateur à bout de solution. Bien que la réalité soit encore plus rude on découvre les rouages complexes d’un système d’aide à l’enfance. Une œuvre qui marque les esprits et le corps, et montre le travail remarquable de Nora Fingscheidt et de ses acteurs.
POUR ALLER PLUS LOIN
- Il s’agit du premier long métrage pour la réalisatrice Nora Fingscheidt.
- La réalisatrice a fait le choix d’une jeune fille de neuf ans sans origine étrangères et avant le début de la puberté. Ceci afin d’écarter tous clichés de catégorisation comme une rébellion liée à la puberté, au sexe ou encore à l’ethnie.
- Des recherches approfondis pendant cinq ans ont permis l’écriture du scénario. La réalisatrice a notamment travaillé et visité des écoles de soutiens scolaires, des cliniques psychiatriques pour enfants, et a eu de nombreuses conversations avec le personnel des institutions.
- La thématique est née lors du tournage du documentaire Das Haus neben den Gleisen. Le film traite de la vie quotidienne d’une pension pour femme à Stuttgart qui accueille des femmes sans domicile fixe. Parmi elle, une jeune fille de 14 ans refusée dans toutes les institutions de protection de la jeunesse.
SITE OFFICIEL: https://www.systemsprenger-film.de/ -> Voici le lien du site officiel. Vous y trouverez de nombreuses informations et documents à télécharger (photos, matériel pédagogique…). Il y a notamment une explication détaillée sur les recherches et les choix fait par la réalisatrice pour la création de ce film, tel que le questionnement sur la plausibilité des faits, le choix du titre, montrer la complexité du système d’aide et le ressentis des acteurs de ce système. De plus, le site donne un lien vers une vidéo qui tente de définir le terme de « Systemsprenger ». Le tout est en allemand.