Tatort

Je ne pouvais pas ne pas parler de la série phénomène en Allemagne : Tatort !  Peut être en avez-vous déjà entendu parler… Dans tous les cas, si vous apprenez l’allemand, vous ne pouvez pas passer à côté. Apparue dans les années 1970 et diffusée sur ARD, cette série policière est depuis suivie assidument par petits et grands. Le dimanche soir, c’est le rendez-vous familial par excellence ! Il est également aussi possible de la visionner dans des bars : les Tatort-Kneipen.

Chaque épisode se déroule dans un Land différents, avec son commissaire et son univers propre. Les épisodes sont indépendants les uns des autres et se terminent par la résolution de l’enquête. Par ailleurs, les spécificités de chaque lieu font partie de l’histoire ; ainsi à Cologne par exemple, la cathédrale est mise en évidence. Une occasion de découvrir l’Allemagne et ses « Sehenswürdigkeiten » (curiosités touristiques).

Les intriguent sont toujours étroitement liées à l’actualité. De cette façon, la série « a tout traversé, le conflit Est-Ouest et la chute du mur de Berlin, la vague de terrorisme d’extrême gauche dans les années 70 et l’émancipation féminine, le chômage de masse des dernières décennies et l’émergence d’une nouvelle criminalité venue de l’Est. Peu à peu, Tatort est devenu le miroir de la société allemande. »

Certains, l’adore, d’autres la trouve ringarde, elle reste néanmoins une nouvelle ressource pour son apprentissage de la langue ou simplement une expérience à tenter !

A LIRE: Pour plus de détails sur la série vous pouvez consulter le site officiel, ainsi que le compte Twitter et Youtube de la série 

Frantz

De : François Ozon
Année : 2016
Avec : Paula Beere, Pierre Niney, Johann von Bülow, Cyrielle Clair

LE FILM

Dans un village allemand au lendemain de la guerre 14-18, Anna une veuve de guerre vient se recueillir chaque jour sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Un jour elle y rencontre Adrien, un jeune français. Lui aussi était soldat pendant la guerre, il vient se recueillir sur la tombe de son ami. Toute deux apprennent à se connaitre et échangent sur le passé. Mais cette amitié naissante n’est pas au goût de tout le monde dans le village.

Frantz est avant tout un très beau film sur l’amitié franco-allemande. Dans cette production binationale,  l’allemand et le français s’alternent tout au long de l’histoire. Un français qui parle allemand, une allemande qui parle français dans un contexte historique bien particulier. Nous sommes ici en 1919 au lendemain de la première guerre mondiale. Habituellement, quand il est question de la guerre, j’ai plutôt le sentiment qu’il est question de la seconde. C’est donc un des points qui m’a interpellé avec ce film.

Dans un jeu de couleurs et de noir et blanc, François Ozon donne à voir toute la dureté de l’époque et met en exergue les animosités venues alimentées l’hostilité entre les deux pays. Il en résulte toute l’absurdité de la situation puisque les allemands reprochent au français d’avoir tué leurs fils, et les français reprochent aux allemands d’avoir tué les leurs. Une souffrance mutuelle que les deux nations se sont infligées. Un dialogue de sourd qui n’a fait que croitre et s’étoffer avec le temps. Pourtant la communication n’est pas impossible comme le prouve les deux protagonistes principaux qui affrontent le mensonge, le deuil et la culpabilité avec beaucoup de douceur et de fragilité. Le tout se tisse dans un rythme relativement lent et parfois pesant mais reflétant dans le fond les blessures profondes de ce traumatisme encore vivace.

Par ailleurs,  Frantz m’évoque un autre film dans cette veine historique franco-allemande, dont je souhaite faire part. Il s’agit du film français « Séraphine » de Martin Provost. On y retrouve un « couple » franco-allemand et ce contexte de première guerre mondiale (mais aussi les prémices de la seconde). Il raconte l’histoire de cette femme, Séraphine de Senlis, domestique le jour et peintre la nuit. Son talent artistique et ses œuvres sont découvertes par le collectionneur allemand Wilhelm Uhde qui lui permettra de donner de la visibilité à son travail. C’est également une œuvre que je recommande vivement !

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Le film est adapté de la pièce de Maurice Rostand « L’homme que j’ai tué » paru en 1930. Avant François Ozon, Ernst Lubitsch avait déjà porté cette pièce à l’écran avec son film « Broken Lullaby » sorti en 1932
  • Les deux acteurs, Paula Beer et Pierre Niney ont dû travailler dans une langue qu’ils ne maîtrisaient pas. Paula Beer explique d’ailleurs dans plusieurs interviews la difficulté de traduire des émotions dans une langue qui n’est pas la sienne. Ainsi que l’épuisement ressenti après une journée de tournage dans une langue étrangère
  • Normalement le prénom Frantz ne prend pas de « t ». Elle s’avère être une faute courante chez les français que le réalisateur a choisi de conserver
  • Le tournage a en partie eu lieu dans de petites villes de l’Allemagne de l’Est d’autrefois où l’architecture des l’époque n’a connu ni destruction ni reconstruction.