Er ist wieder da

Titre français: Il est de retour
Réalisateur: David Wnendt
Année: 2015
Avec: Oliver Masucci, Fabian Busch, Katja Riemann, Christoph Maria Herbst

LE FILM

70 ans après sa disparition, Adolf Hitler se réveille dans le Berlin de nos jours à l’emplacement de son bunker. Sans guerre, sans parti, sans Eva. Dans une Allemagne en paix, sous Angela Merkel et peuplée de plusieurs milliers d’étrangers, il commence une carrière à la télévision, mais surtout une campagne politique. Il se met alors à sillonner cette Allemagne nouvelle à la rencontre des allemands. Bien que sa personnalité, tout comme son apparence, n’ont pas changé depuis 1945 et que pour certains il est surtout un acteur politiquement incorrect, il parvient à devenir une star du petit écran et obtient de plus en plus d’adhésion auprès des allemands.

Je reste sur cette lancée historique avec ce film plus que jamais d’actualité. Déjà à sa sortie, il entrait en résonnances avec l’actualité en Allemagne. Force est de constater qu’il est malheureusement toujours dans l’air du temps. Il questionne se qui se passerait si Hitler réapparaissait aujourd’hui. Quel serait sa réaction ? Est-ce que l’histoire pourrait se répéter ? Certes, ce n’est pas le premier film qui interroge le passé à travers le présent, mais je trouve ce point de vue uchronique assez intéressant. D’une part, il possède un aspect assez inquiétant lorsqu’il mêle réalité et fiction à travers des prises en caméra cachée, notamment auprès de groupe néonazis, révélant ainsi des réactions authentiques. D’autre part, le sujet est traité sur le ton de la comédie (grinçante), ce qui permet d’une certaine manière je trouve, d’alléger quelque peu le propos. Enfin, on peut également souligner la performance de l’acteur Oliver Masucci que l’ont retrouve d’ailleurs dans Werk Ohne Autor, dont j’ai déjà parlé (il y incarne le professeur de l’école d’art de Düsseldorf, marqué par la seconde guerre mondiale). En somme un film qui fait réfléchir sur notre monde actuel par le biais d’une sorte d’expérience sociale fictionnalisée.

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Le film est une adaptation du roman du même titre écrit par Timur Vermes.
  • Certaines scènes ont été tournées en caméra cachée, notamment auprès de groupes néonazis.
  • Dans une interview, l’acteur, Oliver Masucci (l’interprète d’Hitler), fait part d’un constat qui l’a quelque peu troublé : « les gens ont besoin de parler, ils veulent s’épancher auprès d’un Hitler paternel qui les écoute. J’ai trouvé effrayant la vitesse avec laquelle on peut conquérir les gens. Ils se tenaient tout de même debout aux côtés d’Hitler »
  • « L’acteur dit avoir pris 20.000 à 25.000 « Hitler selfies » lors du tournage ».

Vaterfreuden

Réalisateur: Matthias Schweighöfer
Année: 2014
Avec: Matthias Schweighöfer, Friedrich Mücke, Isabell Polak

LE FILM

Félix est satisfait de son célibat sans enfant et apprécie sa vie. Beaucoup de choses changent quand son frère Henne emménage avec son furet Karsten. Henne lui avoue gagner de l’argent avec les dons de sperme. Félix décide de l’imiter. Mais lorsque le furet lui mord les joyaux de la couronne Félix, se rend compte qu’il a au fond le désir d’être père. Il essaie alors de savoir qui est le receveur de son don de sperme…

Alors que je cherchais des comédies allemandes à regarder, j’en suis passée par la filmographie de Matthias Schweighöfer, figure incontournable des comédies (romantiques) allemandes. C’est un peu aléatoirement que j’ai regardé celle-ci. A première vue, elle n’est pas exceptionnelle, elle est classique dans sa forme et son dénouement. Cependant, je souhaitais malgré tout la partager pour deux raisons. D’une part, c’est un film sans prise de tête, à regarder en mode détente. Ce qui me plait avec ce type de comédie lorsque l’on apprend une langue, c’est qu’elles sont faciles à suivre. Bien souvent, le contenu n’est pas d’une grande complexité, on comprend où l’on veut nous amener, ainsi même sans sous-titre elles sont abordables. Un bon exercice d’écoute qui allie l’utile à l’agréable. D’autre part, c’était l’occasion de rebondir sur un petit détail que j’évoquais plus haut sur cette page : les photos de Joko und Klaas. Ce détail permet de faire le lien avec d’autres personnalités de la culture allemande mainstream. Un plus à la fois pour sa propre culture générale, mais également pour trouver d’autres contenus à explorer, à écouter. Même si ce ne sont pas des programmes d’une grande intellectualité, il n’est pas dénué de sens de s’intéresser au pire comme au meilleur de ce qui se fait dans un pays.

ADAPTATION LITTÉRAIRE

L’histoire est basée sur le roman Frettsack de Murmel Clausen publié en 2012, dont le titre français est « Elle est pas belle la vie ? ».

POUR ALLER PLUS LOIN

  • D’ailleurs, si vous aussi, vous regardiez Canal J au début des années 2000, alors vous l’avez peut être déjà vu dans le téléfilm Küss Mich, Frosch, dans lequel Matthias incarne un prince transformé en grenouille.
  • Il y a dans le film, un tout petit détail presque insignifiant. Les personnages consultent un catalogue dans la banque de sperme, dans lequel se trouvent les photos des donneurs. Parmi ces photos, on paercoit la photo de deux hommes qui ne sont que Joko und Klaas. Dans la vraie vie, ce sont deux personnalités allemandes. Ils sont notamment les présentateurs du tv Show Circus HalliGaLli. Vous pouvez retrouver certains épisode ici.
Joko à gauche et Klaas à droite


What a man

Réalisateur: Matthias Schweighöfer
Année: 2011
Avec: Matthias Schweighöfer , Elyas M’Barek, Sibel Kekilli, Milan Peschel

LE FILM

Alex Novak, enseignant dans une école primaire vit à Francfort avec sa petite amie top model Carolin. Une vie plutôt tranquille et bien rangée jusqu’au au jour où il découvre que Carolin le trompe avec leur voisin du dessus. Du jour au lendemain, le pauvre Alex se retrouve à la porte et trouve refuge auprès de son amie Nele. Il entame alors la phase post-rupture.

C’est grâce à une amie que j’ai découvert ce film. Il s’agit d’une comédie assez légère et divertissante avec laquelle on passe simplement un bon moment. Le film réunie quelques acteurs que vous risquez de rencontrer plusieurs fois à travers le cinéma allemand. En terme de langue il est assez facile à suivre et à comprendre, d’autant plus si vous ajoutez des sous-titres allemands. Un petit cliché m’a fait sourire. Je trouve toujours amusant de voir comment les français sont perçus à l’étranger, même si cela tient parfois à des détails.

Dans le film, le petit ami d’une des protagonistes principales est français. Naturellement, on le voit rentrer chez lui, une baguette sous le bras. De plus, un autre détail m’a interpellé que je soupçonne d’alimenter une vision frivole des français par les étrangers. En effet, le petit ami français ne voit aucun inconvénient à ce que le meilleur ami de sa petite amie aille discuter avec elle pendant qu’elle prend sa douche.

Peut être qu’il est seulement question de relation, de manière de voir les choses, mais je trouve le fait questionnable. Et ce n’est pas la première fois qu’un film m’évoque cela, je pense notamment au film Whatever Works de Woody Allen dans lequel un des personnages qualifie le ménage à trois de son ex-femme de « sale truc de français ». Les français seraient-ils perçus comme volage et très ouvert dans les relations?

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Il se peut que vous ayez déjà aperçu l’actrice Sibel Kelili. Elle incarnait Shae dans la série Game of Thrones de la saison 1 à 4.
  • What a man est le premier long métrage réalisé, produit et écrit par l’acteur Matthias Schweighoffer qui comme je l’avais évoqué avec Vaterfreuden est un habitué des comédies allemandes.
  • Le scénario est en partie basé sur les propres expériences de l’acteur et réalisateur. Il s’est entouré du scénariste muchinois Michael Gutmann, ainsi que de Doron Wisotzky pour développer son idée. Pendant la phase d’écriture, Schweighöfer aurait dit à Wisotzky « Hau mal deine Beziehung auf den Tisch, ich hau meine auf den Tisch „  (Mettez votre relation sur la table, je mettrai la mienne sur la table).

Rossini – oder die mörderische Frage, wer mit wem schlief

Réalisateur: Helmut Dietl
Année: 1996
Avec: Gudrun Landbrebe, Veronica Ferres, Joachim Krol

RESUME

Cette satire d’Helmut Dietl suit le temps d’une soirée les turbulences du « Rossini », un restaurant luxueux qui accueille chaque soir l’élite d’une grande ville qui ressemble en tout point à Munich. Pour certains il est comme une deuxième maison. On y trouve une journaliste nymphomane dont la dernière « victime », un réalisateur, souffrant de problèmes d’impuissance; un chirurgien plastique amoureux, dont la bien-aimée ne peut pas décider entre le poète Bodo ou le producteur de films Oskar, qui est en difficulté financière. Et bien sûr Rossini lui-même, qui se sent comme un majordome pour les clients snobs de son propre restaurant. Lorsqu’une actrice séduisante et mystérieuse appelée Blanche-Neige apparaît dans le restaurant et prend Rossini au piège, tout devient incontrôlable.

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Helmut Dietl (1944-2015) était un spécialiste des portraits satiriques du gratin munichois.
  • Le scénario de Rossini a été écrit en étroite collaboration avec Patrick Süskind et a valu à ses deux auteurs le prix du meilleur scénario au Deutscher Filmpreis.
  • Le film contient de nombreuses allusions à des personnes et des lieux réels :

Oskar Reiter au producteur à succès Bernd Eichinger.

Uhu Zigeuner fait allusion au réalisateur et co-auteur du scénario, Helmut Dietl.

Bodo Kriegnitz au poète Wolf Wondratschek, dont le poème « Carmen » est sous-titré « die mörderische Frage, wer mit wem schlief“ .

L’histoire de la belle Valérie convoitée par Reiter et Kriegnitz qui finit par se suicider, est basée sur la personne réelle de la monteuse du film Jane Seitz.

Le personnage extrêmement timide, joué par Joachim Król, qui ne veut pas que son livre soit filmé même pour beaucoup d’argent, aurait pour modèle le co-scénariste Patrick Süskind. Le livre (dans le film : « Loreley ») est censé être son best-seller Parfum. Süskind avait refusé des offres de tournage du roman pendant des années – ce n’est qu’en 2006, presque 20 ans après sa publication, que cela a été fait.

  • Le restaurant « Rossini » est inspiré du restaurant munichois « Romagna Antica », qui était situé à Schwabing, au 52 de la Elisabethstraße, non loin du Filmverlag der Autoren. Il a été fréquenté par des célébrités du cinéma (dont Rainer Werner Fassbinder) à partir des années 1970. Dietl et Eichinger faisiat égalemant partie des invités réguliers dans les années1980.