Werk ohne Autor

Titre français: L’Oeuvre sans auteur
Réalisateur: Florian Henckel von Donnersmarck
Année: 2019
Avec: Tom Schilling, Sebastian Koch, Paula Beer, Saskia Rosendahl, Lars Eidinger, Hanno Koffler

LE FILM

Kurt est peintre, il découvre sa vocation après la visite d’une exposition sur « l’art dégénéré » à Dresde en 1937 au côté de sa tante qui sera internée et assassinée par les nazis du fait de ses troubles psychiatriques. Plus tard, en RDA, il intègre les Beaux-arts où il doit, non sans peine, s’adapter aux exigences du « réalisme socialiste ». Puis, il passe en RFA, aux côtés d’Ellie une étudiante en mode dont il tombe amoureux. Là-bas, il peut enfin pleinement exercer son art. Toutefois, une ombre vient noircir le tableau. Bien que Kurt l’ignore, le père d’Ellie, médecin reconnu, est étroitement lié au passé terrible de sa famille.

Je suis tombée par hasard sur ce film. Attirée par la thématique artistique, je comprends vite qu’il ne s’agit pas là de l’unique sujet puisqu’il nous plonge dans l’horreur du nazisme puis la rigidité de la RDA. Toutefois, le conflit mondial, qui n’en est pas moins intense et poignant, est très vite évacué pour laisser place à l’après-guerre et comment le passé vient travailler la matière artistique. Dès les premières minutes, ont nous rappelle la vision du régime nazi sur quelques artistes comme Picasso ou Chagall, puis le ton s’adoucie. On passe de tableaux peint avec une grande attention à des œuvres cocasses, maltraitées ou grasses… J’ai beaucoup apprécié le traitement réservé à l’art contemporain, tirant parfois vers la dérision, comme dans la scène de la visite de l’exposition de Düsseldorf. Il nous rappelle qu’il est important de garder un œil critique et détaché.

Malgré le ton parfois un peu trop mélodramatique à mon goût,  le film reste très touchant et sait séduire par sa douceur et sa mise en scène soignée. Son approche singulière et substantielle de l’art, sans manquer d’humour, donne une toute autre dimension à toute la complexité de cette Allemagne blessée et divisée. Par ailleurs, il nous permet de réviser quelques faits historiques puisque le film s’étale sur plusieurs années (de la fin des années 1930 aux années 1960). Enfin, il est aussi amusant d’observer les acteurs allemands interpréter à tout de rôle l’oppresseur et l’oppresser. Ainsi, l’acteur Sebastian Koch qui interprétait le dramaturge surveillé par la Stasi dans « La Vie des Autres » devient ici un médecin partisan de l’idéologie nazie.

Réalisme socialiste : le réalisme socialiste est une doctrine littéraire et artistique du XXᵉ siècle inspirée du réalisme et dans laquelle l’œuvre doit refléter et promouvoir les principes du communisme de type soviétique


POUR ALLER PLUS LOIN

  • Il s’agit du troisième long métrage pour Florian Henckel von Donnersmarck, et marque son retour en Allemagne après « The Tourist » avec Angelina Jolie et Johnny Depp.  
  • Le personnage de Kurt Barnert s’inspire d’un véritable peintre : Gerhard Richter, né en 1932 à Dresde et vivant désormais à Cologne.
  • Ce n’est pas sans raison que le réalisateur se lance dans l’écriture du film en 2014. En effet, il a été fortement imprégné par l’art. Alors qu’il n’a que dix ans, il est marqué par l’exposition d’œuvres avant-gardistes « Zeitgeist » au Martin Gropius Bau de Berlin. Plus tard, la découverte du peintre Gehrard Richter renforcera cette impression.
Gerhard Richter, “Fuji”, Oil on aluminium, 37.4 x 29.2cm, 1996
Gerhard Richter, “Rosen”, Offset lithograph on paper, 63 x 63cm, 1994

  • L’exposition que l’on découvre au début du film réunie les œuvres de peintres comme Picasso ou Kirchner considérés comme malade par le régime nazi. L’art moderne sera interdit au profit d’un art officiel. Inaugurée à Munich en 1937, l’exposition voyage à travers l’Allemagne et l’Autriche et réunira plusieurs millions de visiteurs. Par ailleurs, sa reconstitution nécessitera de nombreuses recherches et certaines œuvres, depuis détruites, comme Les Invalides de guerre d’Otto Dix, ont dû être reproduites d’après des photos et en collaboration avec les archives des artistes en question.
  • De nombreux peintres ont servis de sources d’inspiration pour l’élaboration du film comme par exemple Richter, Beuys, Polke, Uecker, Mack, Warhol, Yves Klein, Lucio Fontana ainsi que les grands artistes de Düsseldorf de l’époque. Le réalisateur s’est aussi inspiré des études de Thomas Demand à Düsseldorf, ainsi que de ses propres études à l’école de cinéma de Munich. Il a également eu la visite de d’artistes venant soumettre leurs idées.

Ein bisschen bleiben wir noch

Titre français: Oskar et Lily
Réalisateur: Arash T. Riahi
Année: 2020
Avec: Leopold Pallua, Rosa Zant, Christine Ostermayer

LE FILM

Oskar et Lilli, deux enfants réfugiés tchétchènes de 8 et 13 ans, vivent en en Autriche depuis six ans avec leur mère. Ils sont sur le point d’être tous les trois expulsés quand leur mère tente de se suicider entraînant ainsi la suspension à court terme de leur expulsion, mais aussi la séparation de la petite famille. L’espoir des enfants de retrouver leur mère est nourri par l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre et défie tous les obstacles bureaucratiques avec passion et poésie. Une odyssée douce-amère sur les multiples façons de percevoir le monde qui vous entoure pour survivre.

Tout comme Landrauschen, j’ai découvert ce film au Festival Max Ophuls Preis. Choisie au hasard en dernière minute et un peu par défaut, il s’est avéré être une très bonne surprise. En effet, en lisant le résumé je m’attendais à une toute autre ambiance car il ne laissait pas entrevoir une histoire très réjouissante. De plus, je craignais qu’il soit difficile à suivre linguistiquement car il s’agit d’un film autrichien (et j’ai eu beaucoup de mal à comprendre le dernier film autrichien vu durant ce festival). Finalement, le film s’est révélé incroyablement lumineux et plein d’espoir, notamment à travers la figure du jeune protagoniste. Avec sa mine espiègle, il est rempli de bonne volonté et d’innocence. Le réalisateur livre une mise en scène pleine d’originalité, même si certains plans sont là pour le style plus que la narration. L’histoire de cette petite famille indéfectiblement liés malgré les obstacles met du baume au cœur avec ses personnages attachants et plein de tendresse. Enfin, au niveau de l’allemand, il n’est pas difficile à comprendre contrairement à ce que je craignais.

ADAPTATION

Le film est basé sur le roman « Oskar und Lilli » de Monika Helfer publié en 1994

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POUR ALLER PLUS LOIN

  • Le film diffère quelque peu de l’ouvrage. Initialement, le livre ne parle pas d’enfants réfugiés mais de deux enfants qui ont perdu leur maison en raison des troubles psychologiques de leur mère. Le réalisateur a décidé d’opérer ces modifications afin d’en faire un film politique. Lui-même émigré d’Iran en Autriche durant son enfance, il s’est beaucoup retrouvé dans le personnage d’Oscar.
  • Le réalisateur considère le film comme la pièce maîtresse d’une « trilogie de l’évasion » qu’il a commencée en 2008 par une approche documentaire avec « Ein Augenblick Freiheit » qui contait l’histoire d’Ali et Merdad fuyant l’Iran afin de rejoindre l’Autriche pour des raisons familiales. Il souhaite conclure ce triptyque par une reconstruction analytique et abstraite d’une véritable tragédie provisoirement intitulée « Eine Herzensgeschichte ».

A ECOUTER: Une interview de l’équipe lors du Festival Max Ophüls Preis: Hoffnung und Humor

Der Mann, der seinen Mörder sucht

Titre français: L’homme qui cherche son assassin
Réalisateur: Robert Siodmack
Année: 1931
Avec: Heinz Rühmann, Lien Deyers, Raimund Janitschek

LE FILM

Cette comédie conte l’histoire d’un homme, Hans Herfort, qui décide de mettre fin à ses jours. Ne pouvant se résoudre à s’exécuter lui-même, il engage un homme pour le faire à sa place. Cependant, alors qu’il ne lui reste que douze heures à vivre, il rencontre une jeune femme… et une nouvelle raison de vivre…

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Initialement, le film dure 98 minutes, malheureusement cette version a été perdue. Désormais c’est une version de 50 minutes que l’on peut regarder.
  • Le film est basé sur une pièce de théâtre d’Ernst Neubach, elle-même inspirée de l’œuvre de Jules Verne « Les tribulations d’un Chinois en Chine ».

LE FILM: le film est visible ici avec des sous-titres français

What a man

Réalisateur: Matthias Schweighöfer
Année: 2011
Avec: Matthias Schweighöfer , Elyas M’Barek, Sibel Kekilli, Milan Peschel

LE FILM

Alex Novak, enseignant dans une école primaire vit à Francfort avec sa petite amie top model Carolin. Une vie plutôt tranquille et bien rangée jusqu’au au jour où il découvre que Carolin le trompe avec leur voisin du dessus. Du jour au lendemain, le pauvre Alex se retrouve à la porte et trouve refuge auprès de son amie Nele. Il entame alors la phase post-rupture.

C’est grâce à une amie que j’ai découvert ce film. Il s’agit d’une comédie assez légère et divertissante avec laquelle on passe simplement un bon moment. Le film réunie quelques acteurs que vous risquez de rencontrer plusieurs fois à travers le cinéma allemand. En terme de langue il est assez facile à suivre et à comprendre, d’autant plus si vous ajoutez des sous-titres allemands. Un petit cliché m’a fait sourire. Je trouve toujours amusant de voir comment les français sont perçus à l’étranger, même si cela tient parfois à des détails.

Dans le film, le petit ami d’une des protagonistes principales est français. Naturellement, on le voit rentrer chez lui, une baguette sous le bras. De plus, un autre détail m’a interpellé que je soupçonne d’alimenter une vision frivole des français par les étrangers. En effet, le petit ami français ne voit aucun inconvénient à ce que le meilleur ami de sa petite amie aille discuter avec elle pendant qu’elle prend sa douche.

Peut être qu’il est seulement question de relation, de manière de voir les choses, mais je trouve le fait questionnable. Et ce n’est pas la première fois qu’un film m’évoque cela, je pense notamment au film Whatever Works de Woody Allen dans lequel un des personnages qualifie le ménage à trois de son ex-femme de « sale truc de français ». Les français seraient-ils perçus comme volage et très ouvert dans les relations?

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Il se peut que vous ayez déjà aperçu l’actrice Sibel Kelili. Elle incarnait Shae dans la série Game of Thrones de la saison 1 à 4.
  • What a man est le premier long métrage réalisé, produit et écrit par l’acteur Matthias Schweighoffer qui comme je l’avais évoqué avec Vaterfreuden est un habitué des comédies allemandes.
  • Le scénario est en partie basé sur les propres expériences de l’acteur et réalisateur. Il s’est entouré du scénariste muchinois Michael Gutmann, ainsi que de Doron Wisotzky pour développer son idée. Pendant la phase d’écriture, Schweighöfer aurait dit à Wisotzky « Hau mal deine Beziehung auf den Tisch, ich hau meine auf den Tisch „  (Mettez votre relation sur la table, je mettrai la mienne sur la table).

Helle Nächte (Nuits Claires)

Réalisateur: Thomas Arslan
Année: 2017
Avec: Georg Friedrich, Tristan Göbel, Marie Leuenberger

RESUME

Michael, ingénieur civil autrichien, vit avec sa petite amie à Berlin. Lorsqu’il apprend le décès de son père, il se rend en voiture avec son fils Luis, 14 ans, aux funérailles en Norvège. Michael voit à travers cet événement une occasion de renouer les liens avec son fils après des années d’absence. A la suite des funérailles, il lui propose de passer quelques jours de plus dans le pays. Un renouement complexe mais attentionné sur fond de ravissants paysages en plein cœur de la Norvège.

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Le film est projeté pour la première fois à la Berlinale le 13 février 2017 dans le cadre du Golden Bear Competition. Il remportera d’ailleurs un Ours d’Argent du Meilleur acteur (pour Georg Friedrich).
  • Thomas Arslan a choisi ce décor au sein d’une région totalement isolé afin de créer une confrontation entre les deux personnages qui tentent de renouer des liens. Dans cette région, il n’y a pas de distractions ce qui force les personnages à communiquer pour se mettre d’accord et pouvoir se débrouiller.


NOTE PERSONNELLE

J’ai découvert Helle Nächte grâce aux archives du Festival du cinéma allemand de Paris.  Un film au style méditatif et allusif à travers lequel le réalisateur interroge la paralysie des sentiments. Des sentiments en proie aux variations météorologiques qui ponctuent la randonnée des deux protagonistes en plein renouement épineux. Mais c’est aussi une plongée dans la beauté des paysages norvégiens appuyés par une mise en scène minimaliste, dont le charme réside avant tout dans les silences et la difficile expression des sentiments. D’ailleurs cet aspect taiseux, car il y a en effet peu de dialogues et le débit de parole et relativement lent, rend l’histoire aisée à suivre et comprendre en allemand. Ce sont donc pour ces deux grandes raisons que je souhaitais partager cette œuvre, visuellement agréable et facile à suivre linguistiquement.

Wir sind der Nacht

Titre français: Nous sommes la nuit
Réalisateur: Dennis Gansel
Année: 2010
Avec: Karolin Herfurth, Nina Hoss, Jennifer Ulrich, Max Riemelt

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RESUME

Lena, une jeune femme marginale et délinquante, se fait mordre par Luisa, une cheffe vampire. Après cette morsure, Lena rejoint leur groupe composé de deux autres vampires Charlotte et Nora et goûte aux joies du vampirisme. Si cette vie luxueuse et débridée est d’abord excitante, Lena commence à se détacher du groupe et se rapproche d’un policier duquel elle s’est amourachée. Néanmoins ce revirement ne sera pas sans conséquences et la vie bien tranquille de ce trio sera mis à mal.

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Il s’agit pour Max Riemelt et Dennis Gansel de leur quatrième collaboration.
  • Le film a été tourné à Berlin.
  • Dennis Gansel avait été subjugué par Nina Hoss dans le film Das Mädchen Rosemarie en 1996. Il décide d’emblé de lui attribuer le rôle principal.
  • Le film mettra du temps à aboutir. En effet, le tournage est initialement prévu à l’automne 1999, mais le film ne verra finalement le jour qu’une dizaine d’années plus tard pour diverses raisons qui n’ont eu de cesse de retarder le projet.
  • Par ailleurs, Wir sind der Nacht bénéficiera du succès mondial de Twilight, qui remet le film de vampire au goût du jour. Cependant, cela coûtera quelques retouches au scénario afin d’éviter toutes similitudes avec Twilight.

NOTE PERSONNELLE

Je crois pouvoir dire que Wir sind der Nacht est mon premier film allemand (contemporain) de vampire. Une sorte de baptême du genre. Sinon avant cela j’avais vu « Nosferatu » de Friedrich Wilhelm Murnau (film muet que je recommande par ailleurs). Il ne s’agit pas de l’un des meilleurs films de vampire qu’il m’a été donné de voir, cependant je l’ai pris plutôt avec humour. Le film a au moins le mérite de ne pas poser comme sujet principal une romance niaise entre un vampire et une mortelle, bien qu’il possède également son lot de scènes mélodramatiques. Dans cette histoire on profite pleinement des avantages d’être une créature de la nuit qui peut tout se permettre dans une ville qui s’y prête à merveille: Berlin. Il conviendrait sans doute d’explorer un peu plus le genre dans le cinéma allemand afin de trouver ce qui se fait en matière de film de vampire. En attendant cette étude cinématographique capitale, voici un exemple à prendre avec gaité. Enfin, je trouvais aussi intrigant de voir Nina Hoss en cheffe vampire.

Coming In

Réalisateur: Marco Kreuzpaintner
Année: 2014
Avec: Katja Rieman, Klaas Heufer-Umlauf, Frederick Lau

RESUME

Tom Herzner, un homosexuel assumé, star dans le monde de la coiffure pour homme fait un tabac avec sa ligne de produits capillaires à Berlin et au-delà. Néanmoins, il doit désormais étendre cette gamme aux produits pour femme, une spécialité qu’il connait mal. Afin d’en savoir un peu plus, il décide de mener quelques recherches incognito. Pour cela, il trouve un poste chez la coiffeuse Heidi, une femme extravertie qui va bouleverser certaine certitude de Tom.

INFORMATIONS COMPELMENTAIRES

  • La comédie est le premier projet du think tank berlinois fondé en 2009 par Kreuzpaintner et les deux producteurs Gabriela Bacher et Fabian Wolfart.
  • L’histoire personnelle du réalisateur a servi de base au scenario. Il s’est inspiré de sa relation avec son premier petit ami qui à la fin de leur relation est sorti avec une femme, suscitant l’incompréhension et l’indignation dans l’entourage de Kreuzpainter.
  • Le tournage a eu lieu à Berlin et plus précisément à Mitte et Neukölln, au Grosser Stern, dans un salon de coiffure sur le Gendarmenmarkt et au Quatsch Comedy en dessous de Friedrichstadtpalast.
  • Toutefois, Berlin n’a pas été le choix premier du réalisateur. Initialement le film devait se déroulé à Londres et Orlando Bloom devait jouer le rôle principal. Mais l’acteur quitte le projet après les premières répétitions entraînant avec lui le retrait du financement. Kreuzpainter envisage ensuite Munich, mais pour des raisons financière le projet n’aboutis pas. Finalement, Berlin permettra au film de voir le jour.
  • Coming In a suscité diverses critiques notamment de la part de la communauté LGBT qui reprochait au flm de suggérer que l’homosexualité ne soit « qu’une phase de confusion ». Cependant, le réalisateur ne concevait pas ce film comme un discours politique ou une quelconque proposition pour « guérir l’homosexualité » mais bien comme une pure comédie, à travers une situation cocasse.

NOTE PERSONELLE

Coming in fait partie des comédies légères et récréatives que je propose dans le but de travailler son écoute de l’allemand. Découverte quand j’explorais la filmographie de Kostja Ullman, j’ai passé un bon moment en la regardant. C’est une comédie romantique des plus classiques où l’ont comprend très vite quel sera le couple et les obstacles à surmonter, néanmoins il reste toujours une toute petite incertitude sur les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Il ne faut pas chercher de grandes réflexions ou un film à messages avec cette comédie. Sinon, je suis tombée sur un avis, bien qu’un un peu tiré par les cheveux, il n’est pas complètement dénué de sens, c’est pourquoi j’avais envie d’en faire part. En effet, une personne faisait un parallèle entre cette histoire et celle de Roméo et Juliette. Deux êtres attirés l’un par l’autre, pourtant issu de deux monde peu compatible. Dans ce cas, l’un homosexuel, l’autre hétérosexuelle. La comparaison me semble un peu forte, toutefois il s’agit d’une vision des choses intéressantes. Comme quoi même le sujet le plus simple peu donner des analyses farfelues. Et vous, qu’est ce que ce film vous évoque ?

M – Eine Stadt sucht einen Mörder

Titre français: M le maudit
Réalisateur: Fritz Lang
Année: 1931
Avec: Peter Lorre, Otto Wernicke, Gustaf Gründgens

RESUME

Une ville terrorisée par un tueur d’enfant déplore une nouvelle victime. Des rafles sont organisées dans les bas-fonds par le commissaire Lohmann. Mais toute cette agitation dérange la pègre qui décide de retrouver elle-même le criminel : mendiants et clochards sont chargés de surveiller les moindres recoins…

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • M – Eine Stadt sucht einen Mörder est un classique du cinéma allemand plus connu en français sous le titre M- Le Maudit.
  • Il s’agit du premier film parlant du réalisateur et serait le tout premier film policier du cinéma.
  • Mal reçu en Allemagne, M le maudit sera interdit dans les pays fascistes mais accueilli avec enthousiasme partout ailleurs.
  • Le film offre une interrogation sur la justice et la culpabilité ainsi qu’une critique de l’asservissement.
  • Les bouleversements sociaux ne sont pas des freins à la créativité, comme en témoigne le développe du cinéma allemand entre 1919 et 1933. Bien que le pays sort d’une défaite et commence à s’agiter, jusqu’à mener Hitler au pouvoir, le cinéma allemand manifeste une grande inventivité.
  • Même si le film est d’aspiration documentaire, le but de Fritz Lang n’était pas pour autant de produire une reconstitution de la réalité. Pour construire sont film, il s’est basé sur plusieurs affaires de meurtres en séries au début des années 1920, comme : l’affaire de Haarman, de Schuman, de Grossman, de Denke, de Lüdke et de Kürten (le « vampire de Düsseldorf » arrêté en 1929 ; créant une coïncidence avec le cas imaginaire de M).
  • Le réalisateur interrogea la fascination des gens ordinaire pour le crime. Il y a certes un plaisir ludique dans la résolution d’un crime, mais selon lui cela ne suffit pas à justifier cette attirance. Il pose le postulat que « notre répugnance même [pour le crime] est la preuve […] de la peur qu’un jour, une fois – sous l’emprise des circonstances qui saperont la barrière édifiée par des siècles de civilisation – vous ou moi, pourrons être cette personne. »  En somme n’importe qui est susceptible de commettre un meurtre. Mais pour Lang admettre cette possibilité est une forme de prévention. Son film fonctionne comme une sorte de catharsis.  En gros, il vaut mieux prévenir que guérir.
  • Le titre du film a fait l’objet de modifications par le réalisateur. « Lang prétend qu’il aurait eu l’idée de changer de titre à l’occasion d’un quiproquo avec le propriétaire d’un hangar où il voulait tourner : ce dernier lui en refusait l’autorisation parce qu’il était convaincu que les « assassins » du titre désignaient les nazis, pour lesquels il aurait eu des sympathies. Lang aurait alors expliqué qu’il voulait tourner un film sur un tueur d’enfants, ce qui aurait levé toutes les préventions du propriétaire soupçonneux. Une autre explication peut davantage convaincre : il semble que plusieurs autres films sortis à la même époque avaient recours au mot « Mörder» dans leur titre. Le besoin de se distinguer de la masse de la production a pu jouer. »
  • Parfois ce sont les distributeurs qui font le choix de modifier le titre. En 1959, une version courte sera titré « M, dein Mörder sieht dich an ». En 1960, c’est la télé allemande qui propose un nouveau titre : « M, eine Stadt sucht einen Mörder »
  • Peter Lorre joue le rôle du criminel. C’est d’ailleurs son premier rôle au cinéma.
Peter Lorre
  • Récemment le film a été adapté en série pour la télévision autrichienne par le réalisateur David Schalko


NOTE PERSONNELLE

M le maudit est indéniablement un classique majeur du septième art qui aborde d’innombrables thèmes historiques. On pourrait faire de longs discours sur ce chef-d’œuvre de Fritz Lang, mais il en existe déjà bien assez à mon sens pour prétendre apporter quelque chose de nouveau et de captivant. Je dirais en toute simplicité, il s’agit d’un film à voir et à revoir qui malgré le temps, reste tout aussi passionnant. Par ailleurs, c’était également l’occasion de rebondir sur la série autrichienne adapté du film. Une version moderne pour ceux qui ne serait pas fan des « vieux films » ou simplement curieux de voir comment cette histoire a été transposée à notre époque. Dans tout les cas un film à voir absolument !

LE FILM: Le film est visible sur ce site.


Mein Blind Date mit dem Leben

Réalisateur: Marc Rothemund
Année: 2017
Avec: Kostja Ullman , Jacob Matschenz, Anna Maria Mühe

RESUME

Encore jeune, Sali perd une grande partie de sa vision du fait d’un décollement de la rétine. Malgré ce handicap, il persévère et ne veut pas laisser ce problème entraver ses rêves. En effet, Sali souhaite suivre une formation en gestion hôtelière. Après de nombreux refus, il est enfin accepté à une formation à l’Hôtel Bayrischer Hof de Munich pour laquelle il a volontairement omis de mentionner ses limitations visuelles. Grace à un incroyable effort de mémorisation et le soutient de son collègue Max, lui aussi dans la confidence, Sali parvient à suivre cette nouvelle formation. Toutefois pas toujours de tout repos !

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Le film est basé sur une histoire vraie, celle de Saliya Kahawatte qui après avoir perdu une grande partie de sa vision a voulu et a réussi à passer un diplôme en gestion hôtelière.
Saliya Kahawatte
  • Le film tire son titre du livre autobiograhique écrit par Saliya Kahawatte.
  • Le tournage a eu lieu à Munich et à Berlin, notamment à l’hôtel Bayerischer Hof de Munich,  dans la Prannerstraße ainsi qu’à Moosburg an der Isar.

NOTE PERSONNELLE

Découvert au cinéma en Allemagne grâce à une amie, qui avait vu d’autres films avec Kostja Ullman, le film a été une agréable surprise. Si sa construction est relativement classique, dans la lignée des comédies romantiques américaines, la ferveur et la détermination du personnage interprété par Kostja a su me captiver. Il est très motivant de voir comment avec passion et un peu d’entraide on peut accomplir presque l’impossible, surtout lorsqu’on décide d’apprendre l’allemand. Une comédie rafraîchissante à travers une histoire vraie qui à l’avantage de ne pas être une simple romance.

A ECOUTER: Quelques interviews pour compléter le film : Kostja Ullman, Saliya Kahawatte, Kostja trifft Sali

Die Mörder sind unter uns

Titre français: Les assassins sont parmi nous
Réalisateur: Wolfgang Staudte
Année: 1946
Avec: Hildegard Knef, Ernst Wilhelm Borchert, Arno Paulsen

RESUME

Le film raconte l’histoire de Suzanne Wallner de retour chez elle après plusieurs années passées dans un camp de concentration. Dans son appartement, elle trouve le docteur Hans qui loge ici. Alcoolique et traumatisé, il découvre qu’un ancien officier nazi, qu’il pensait disparu, a repris sa petite vie tranquille. Retour à la vie quotidienne, perspective de vengeance, peu à peu, ces deux êtres blessés vont nouer une relation…

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRE

  • Premier film allemand de l’après-guerre, réalisé par Wolfgang Staudte, (né à Saarbrücken en Sarre, ce petit bout d’Allemagne parfois oubliée ). Tourné dans les décombres de Berlin au lendemain de la capitulation. « Trümmerfilm » (ou film de décombre) .
  • Le film commencera même avant la création du studio.Die Mörder sind unter uns participe «  à la création d’un « cinéma des ruines » qui explore les plaies béantes de la défaite et tente d’exorciser les fantômes du IIIème Reich. »
  • Le film a permis de révéler l’actrice Hildegard Knef
  • Il est le premier film produit par la DEFA (Deutsche Film AG), qui fêtait d’ailleurs ses 70 ans en 2016.


NOTE PERSONNELLE

La préparation d’un atelier de l’analyse de l’image pour le jury jeune du festival Max Ophüls Preis en 2019 m’a amené à me plonger dans la filmographie de ce réalisateur originaire de Sarre. C’est ainsi que je suis tombée sur « Die Mörder sind unter uns ». Tout d’abord, sa place dans l’histoire du cinéma allemand a éveillé mon intérêt puisqu’il s’agit du premier film d’après guerre tourné dans les ruines encore fumantes de Berlin. Ainsi, il montre des images brutes d’une Allemagne meurtrie et dévastée, et offre une réflexion sur les questionnements et les blessures que ces événements ont infligés.

Il peut certes paraître un peu primaire sur certains aspects, avec quelques maladresses dans la composition, mais il ne faut pas oublier le contexte dans lequel le film a été tourné : juste après la guerre dans un pays délabré et encore traumatisé. De plus, ces maladresses peuvent aussi soulever des questions intéressantes. Comme l’apparition de la jeune femme belle et sémillante alors qu’elle sort d’un camp de prisonnier. Je trouve pertinent de questionner ses choix et réfléchir sur ce qui les a motivés, ainsi que sur la place des femmes à cette époque en Allemagne.

En effet, selon plusieurs études, les femmes ont eu la responsabilité d’aider les hommes à affronter leur passé et de cette manière aller de l’avant. Enfin, dans le contexte d’un atelier cinéma, le film est riche en mouvement et plans de caméra, au sein d’un décor aux traits expressionnistes. Une œuvre essentielle pour sa culture générale qui offre de nombreuses pistes de réflexions sur le cinéma et l’histoire.

A VOIR: Vidéos sur le films: Trois-raisons-de-voir-les-assassins-sont-parmi-nous

LE FILM: Sinon le film est visible ici, avec des sous-titres anglais

Dossier pédagogique: cette activité se propose d’analyser la séquence d’ouverture du film « Die Mörder sind unter uns » de Wolfgang Staudte.