Internationale Filmfestspiel Berlin

La Berlinale ou Internationale Filmfestspiel Berlin se tient chaque année à Berlin au mois de février pendant une dizaine de jours.

HISTOIRE

Né en 1951, au cœur d’une Allemagne divisée et au début de la guerre froide, le festival est conçu comme une « vitrine du monde libre ». Initialement, le festival se déroulait en été avant d’être programmé au mois de février à partir de 1978. Depuis la première édition, la récompense suprême est l’Ours d’Or sculpté par Renée Sintenis. Avec les années, le festival a su devenir un lieu d’échange interculturel et une plate-forme d’exploration cinématographique. À ce jour, il est considéré comme l’un des plus politiques festivals de cinéma.

Tout comme le festival de Cannes en 1968, la Berlinale a au aussi connu une interruption en 1970. En effet, un scandale éclate autour du film O.K de l’allemand Michael Verhoeven, film qui met en scène le viol et le meurtre d’une Vietnamienne par des soldats américains. La réaction indignée du public, divisé sur sa sélection, et des débats houleux poussent le jury, alors présidé par l’Américain George Stevens à démissionner et le Festival est annulé deux jours avant la remise des prix.

LE FESTIVAL AUJOURD’HUI

A sa tête aujourd’hui, Carlo Chatrian, ancien directeur artistique du Festival de Locarno, et Mariette Rissenbeek, ancienne gérante de German Films. Chaque année, environ 400 films de tous genres, durée et formats sont projetés dans les onze différentes sections et présentations spéciales de la Berlinale. Du long métrage aux formes documentaires en passant par les expérimentations artistiques, le public est invité à rencontrer des milieux, des modes de vie et des attitudes très contrastés, à mettre à l’épreuve ses propres jugements et préjugés et à stimuler son expérience de spectateur parmi des formes narratives classiques et des formes esthétiques singulières. Le programme se nourrit également d’un dialogue intense avec son public à travers un riche éventail de discussions avec le public et de panels d’experts facilite une participation active au festival.

FESTIVAL ET PARITE

Lors de la 69ème édition en 2019 a eu lieu la conférence « Gender, Genre and Big Budgets ». Organisée par Women in Film and Télévision (WIFT) et International Women’s Film Festival de Dortmund/Cologne. Cette manifestation a été l’occasion pour la Berlinale de s’engager en faveur de la parité.

« Après les festivals de Cannes, Venise, Annecy ou encore Toronto, c’est Dieter Kosslick, le directeur de la Berlinale, qui a signé le 9 février dernier la charte 5050×2020. Il s’engage ainsi à « œuvrer pour augmenter la parité dans le Festival et le Marché du film ». « Avec 5050×2020, la Berlinale s’engage à améliorer la parité au sein de sa direction et de ses comités de sélection à l’horizon 2020 et à publier les statistiques de parité des distributions des films soumis et sélectionnés », précise la Berlinale dans son communiqué.

Landrauschen

Réalisatrice: Lisa Miller
Année: 2018
Avec: Nadine Sauter, Heidi Walcher, Volkram Zschiesche

LE FILM

Il en résulte un film peu conventionnel où l’on suit le parcours de Toni, une jeune femme fraîchement diplômée. Toni a étudié et vit à Berlin. Malgré ses diplômes et plusieurs stages, elle ne parvient pas à trouver du travail. Pour des problèmes d’héritage elle retourne dans son village natal, en Bavière. Elle y reste quelque temps, trouve un travail de reportrice locale pour lequel elle est surqualifiée. Là-bas, elle rencontre Rosa, avec qui elle passe un été mouvementé avant d’être rattrapé par des questions existentielles.

Landrauschen que l’on peut qualifier de « Heimatfilm » est un véritable coup de cœur du Festival Max Ophüls Preis 2018, c’est pourquoi j’avais très envie de partager cette belle découverte. L’histoire nous plonge dans l’atmosphère authentique d’un village bavarois avec ses personnalités atypiques, son dialecte (d’ailleurs ces passages sont sous-titrés en allemand, « Hochdeutsch »), et ses us et coutumes. Si l’affiche possède un aspect très kitch, pas très reluisant, en revanche l’histoire, elle, n’a rien de kitsch. On suit avec délectation le retour, dans son village natal, de cette jeune femme en proie à une crise existentielle. Une confrontation s’établit entre la vie urbaine et rurale dans un esprit burlesque, sans pour autant s’enliser dans les stéréotypes. Une comédie satirique qui fait sourire et réfléchir ; et une première œuvre prometteuse pour la réalisatrice.

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • La réalisatrice s’est inspirée de la pièce de théâtre « Scherz, Satire, Ironie und tiefere Bedeutung » de Christian Dietrich Grabbe.

SITE OFFICIEL: Pour plus d’information vous pouvez visitez le site officiel du film.

A ECOUTER: Une courte intervie de l’équipe du film pendant le Festival Max Ophüls Preis: Landrauschen: « Dekonstruktion des Heimatfilms »

Transit

Réalisateur: Christian Petzold
Année: 2018
Avec: Jean-Pierre Darroussin, Franz Rogowski, Paula Beer

RESUME

Dans un Marseille de nos jours, des réfugiés sont contraints de fuir les forces d’occupations fascistes pour se rendre en Amérique. Parmi eux, il y a l’allemand Georg qui prend l’identité de l’écrivain Weidel, qui s’est suicidé pour échapper à ses persécuteurs. Georg souhaite profiter du visa de ce dernier pour rejoindre le Mexique. Cependant, ses plans basculent lorsqu’il rencontre la mystérieuse Marie, vouée à une quête désespérée de l’homme qu’elle aime…

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Transit a été sélectionné en compétition officielle à la Berlinale 2018.
  • Initialement l’histoire se déroule dans les années 1940, mais le réalisateur a choisi de faire dérouler l’histoire à notre époque, laissant volontairement visibles des anachronismes.
  • Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme publié en 1944 d’Anna Seghers, une femme de lettres allemande juive et communiste. Sous le régime nazi, qu’elle devra fuir, ses livres sont interdits et brûlés. Sa fuite la mène à Paris, Marseille puis le Mexique avant de retourner à Berlin à la fin de la guerre.


NOTE PERSONNELLE

Jean-Pierre Darroussin

Transit est un film singulier et original où se mêle la langue française et allemande. Aux premiers abords, il déroute beaucoup par la transposition temporelle qui est faite et ses proportions kafkaïennes. Toutefois, si les anachronismes, pleinement recherchés questionnent, on se laisse finalement porter vers ces contrées imaginaires quelque peu confuses mais surtout romanesques, relatées par la voix off de Jean-Pierre Darroussin.
Plus tard, la pertinence de ces choix se dessine plus clairement. Ceux-ci permettent de traiter de l’universalité du thème des réfugiés et des traques policières qui font échos à nos actualités, bien que le réalisateur insiste sur la prudence à garder vis-à-vis de ce parallèle. Christian Petzold reste ainsi fidele à l’un de ses thèmes de prédilection, le drame sur fond historique et livre un film troublant qui ne laisse pas de marbre.

Helle Nächte (Nuits Claires)

Réalisateur: Thomas Arslan
Année: 2017
Avec: Georg Friedrich, Tristan Göbel, Marie Leuenberger

RESUME

Michael, ingénieur civil autrichien, vit avec sa petite amie à Berlin. Lorsqu’il apprend le décès de son père, il se rend en voiture avec son fils Luis, 14 ans, aux funérailles en Norvège. Michael voit à travers cet événement une occasion de renouer les liens avec son fils après des années d’absence. A la suite des funérailles, il lui propose de passer quelques jours de plus dans le pays. Un renouement complexe mais attentionné sur fond de ravissants paysages en plein cœur de la Norvège.

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

  • Le film est projeté pour la première fois à la Berlinale le 13 février 2017 dans le cadre du Golden Bear Competition. Il remportera d’ailleurs un Ours d’Argent du Meilleur acteur (pour Georg Friedrich).
  • Thomas Arslan a choisi ce décor au sein d’une région totalement isolé afin de créer une confrontation entre les deux personnages qui tentent de renouer des liens. Dans cette région, il n’y a pas de distractions ce qui force les personnages à communiquer pour se mettre d’accord et pouvoir se débrouiller.


NOTE PERSONNELLE

J’ai découvert Helle Nächte grâce aux archives du Festival du cinéma allemand de Paris.  Un film au style méditatif et allusif à travers lequel le réalisateur interroge la paralysie des sentiments. Des sentiments en proie aux variations météorologiques qui ponctuent la randonnée des deux protagonistes en plein renouement épineux. Mais c’est aussi une plongée dans la beauté des paysages norvégiens appuyés par une mise en scène minimaliste, dont le charme réside avant tout dans les silences et la difficile expression des sentiments. D’ailleurs cet aspect taiseux, car il y a en effet peu de dialogues et le débit de parole et relativement lent, rend l’histoire aisée à suivre et comprendre en allemand. Ce sont donc pour ces deux grandes raisons que je souhaitais partager cette œuvre, visuellement agréable et facile à suivre linguistiquement.